Un point sur la tangente du toit du monde occidental.

En terre bourguignonne, dans l'Auxois, près de Pouilly en Auxois, des villes cantonales d'Arnay le Duc et de Bligny sur Ouche, il y a un point géographique où une goutte d'eau, selon qu'elle tombe à 3 mètres de distance va rejoindre soit la Manche via la Seine, soit la Méditerrannée via la Saône et le Rhône, soit l'Océan Atlantique via la Loire. Ce coin de terre a été appelé "Toit du Monde Occidental" par l'écrivain bourguignon Henri  Vincennot.

A ce point de tangente réside aussi mon vieil ami et philosophe Rémi Paquet. (éducateur retraité, écrivain, éditeur, voir ici : http://www.lafontainedepierre.net/index.php ) La Fontaine de Pierre Distribution, rue des Marchandises, 21320 Essey 

Nous nous sommes retrouvés hier, 2 août 2012, et pendant une petite heure nous sommes laissés aller à des considérations existentielles en une conversation à bâtons rompus, ou en d'éloquents ... silences de communion.

Il m'a fait, et vous fait cadeau du texte ci-dessous, dont il est l'auteur, ou alors le .... récipiendaire.

 

 

 

TANGENTE

 

Souvent je prends la tangente. Je disparais dans le vide interstellaire de mes projets, de mes souvenirs, de mes constructions mentales.

Mais qu’est-ce que je fuis ? Un instant, un insaisissable point qui semble lui aussi, me fuir. Mais un point par où je devine que me vient la vie.

Rien à faire cependant, ma conscience papillonne ailleurs. Les arômes ne manquent pas, les pièges et les poisons non plus. Pourtant il est vrai que c’est ici partout et toujours.

Mais au moins ne pourrais-je m’arrêter à chaque ici et à chaque maintenant ? Hélas, les instants me poursuivent et rarement agrippent les pans de mes pensées.

Sans doute leur manque-t-il un filet à papillon. Mais ils ont trouvé mieux, d’envoûtantes phéromones auxquelles parfois je succombe. Elles émanent d’une Tant Gente Dame.

La noble personne, dissimulée dans les voiles de l’instant, veille sur moi. Il me semble que parfois on la nomme Anima.

Cette âme angélique ne me quitte pas des yeux.

Elle ne me tient pas rigueur de mes constantes étourderies car me dit-elle : « C’est dans la nature d’un papillon d’être étourdi. »

Elle ajoute : « Si Tant Gente je suis, Tangente tu es avec moi. Je suis une imperceptible poussière sur la sphère du Soi. A travers moi tu frôles la totalité. Tu en reçois les dons.

Tu es une ligne tenue à moi par un seul de ses points. Jonction entre toi qui dures et moi qui unis demain avec hier. L’avant et l’après tracent les lignes du temps. Le point éternel concentre hier et demain.    

Ne crois pas que les tangentes importunent la divine sphère. Au contraire elle les aime, s’en pare, s’en tisse une toison d’or. Car tu es multitude.

Tu es la foule des tangentes qui adhèrent comme toi à la sphère aimante, aimantée, par une nuée de points comparables à moi, du genre anima ou du genre animus.

Cette boule d’amour que nous couvrons d’une toison d’or n’est pas un être seul mais tous les êtres en un seul et en chacun de nous.

Elle tourne sur elle-même hors du temps mais aime le temps à la folie. Elle ne dédaigne pas les contingences du temps. Il est son divin enfant.

Nous devons nous cramponner à sa divine peau afin de n’être pas dissous dans le néant. C’est facile : une pensée vers l’ange anima ou l’ange animus y suffit.

Tu crains peut-être de t’ennuyer quand ce sera ton tour de vivre en éternité après avoir quitté le temps. Détrompe-toi. La condition éternelle n’est pas une sinécure.

Les esprits petits ou grands, et même celui qui les englobe tous, ne pensent qu’au temps. C’est leur grand œuvre, leur expression sublime, leur éternel souci.

Sache bien Remi, que la réalité concrète du monde visible préoccupe au plus haut point les êtres invisibles. Toujours ils se mêlent du monde apparent et mortel.

Tu peux me croire, cela les occupe à plein temps. Mais ne crois pas pour autant qu’ils détiennent un quelconque pouvoir. Ils ne peuvent qu’inspirer qui veut bien entendre.

Hélas le plus souvent, les hommes ont des oreilles et n’entendent pas, des yeux et ne voient pas. Ils cultivent leur propre malheur avec persévérance.

Nous nous adressons à ceux qui adhèrent consciemment à notre globe générateur de vie. Nous leur inspirons la manière et la volonté d’améliorer la condition temporelle.

Tu sais que la tâche est immense et les ouvriers peu nombreux. Les « ego » démesurés, le cynisme et la peur freinent l’avènement d’une meilleure humanité.

Le progrès spirituel de l’espèce humaine est le principal souci de l’esprit intemporel et multiforme. Il joue là son vatout. Il s’identifie aux passagers du temps.

J’ajoute qu’heureusement il a le temps. Ses enfants les plus conscients le savent et ne s’attendent pas à des miracles. Ils parient sur une progression temporelle patiente.

Tu t’interroges à propos des vies fauchées quand ce n’est pas l’heure humaine. Mais une incarnation manquée prépare des incarnations réussies. Nulle âme n’est lésée.

Qui a connu un handicap connaîtra une santé florissante et qui a connu la guerre vivra en paix. Qui a subi la faim mangera et qui fut méprisé sera reconnu.

L’âme qui traverse divers destins mûrit lentement de siècle en siècle. Elle se souvient jusqu’au temps où elle connut le sort des primates et bien avant même.

Songe aux épopées de notre âme depuis des millénaires et rends grâce à la globalité créatrice, mère et père des origines. Songe que la vie incarnée n’a pas de fin.

Il est dans la nature de l’esprit éternel de s’incarner. Il ne peut cesser de le faire. Il aime trop la matière et le temps. Il nous donnera toujours un aspect physique.

Lorsque nous perdrons ton corps masculin, nous recevrons mon corps féminin. Tu seras mon double spirituel dans notre nouvelle aventure temporelle.

Jamais nous n’avons été séparés. Jamais nous ne le serons. Nos sorts sont liés à jamais. Tu es moi et je suis toi. Pourtant nous sommes des personnes distinctes.

Certes nous ne nous sommes jamais vus et nous ne nous verrons jamais. Mais nos regards intérieurs se croiseront toujours de vie en vie.

Je suis perpétuellement pour toi la « tant gente dame » et tu es pour moi le « tant gentil damoiseau » .Nos aspirations nous lient à l’être global génitrice et géniteur de tous les êtres.

 

 

 

 

 

 

 

 



03/08/2012
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